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Voir aussi dossier sur le Fonds Albert Comme elle était belle, la chapelle du Try d’Haies, entourée de nos aïeux venus célébrer, autour de l’abbé Jules Mollet de la paroisse, son inauguration en ce beau jour tant attendu !
Souvenirs d’Anne-Marie Dandois. Août 2003 C’est ma grand-mère Marie-Louise Duvivier-Wauthy qui s’occupait de la chapelle. Le dimanche matin, elle allumait le poêle au charbon, puis, sonnait la cloche un peu avant l’office. Il y avait 2 messes: à 8 heures et à 9 heures. Voilà ce qu’on m’a toujours dit :La chapelle vient de Flandres par l’intermédiaire de monsieur Léon Capart. La cloche est d’origine, ses parrains et marraines sont Elisabeth Marbais et Noël Capart. C’est Arthur Stivant, menuisier (et propriétaire du café Le Chant des Oiseaux) qui aurait monté la chapelle.
Souvenirs de Germaine Moyen. (née en 1912) Septembre 2003 La chapelle est arrivée en 1923, je me souviens encore qu’on la montait. L’inauguration a eu lieu l’année suivante, en 1924. Je reconnais quelques personnes sur la photo prise par Guy Capart, notamment Blanche Blaimont, Alice Hayet, Léon Collet, Madame Guy Capart, Louise Capart, Renée Spitaels, monsieur et madame Ulens. Je me trouve sous le porche, première à gauche. Je me souviens également du baptême de la cloche : la cérémonie avait lieu dehors, devant la chapelle. Une couronne de roses blanches ornait la cloche. Mais qui se souvient de l’origine de la chapelle ?Il faut croire que l’information est mal passée en 1923 quand à l’origine de la chapelle, toujours est-il que plusieurs histoires ont circulé, traversé les décennies pour arriver jusqu’à nous.
Thuin- Ville-Haute ?En 1942, André Decamps, dans une brochure publiée lors du 200ème anniversaire de l’église Saint Hubert, écrit que « cet intéressant édifice a été transféré de Thuin (ville haute) où il servait de chapelle aux Sœurs de N-D du Sacré Cœur. » Cette origine est encore aujourd’hui appuyée par madame Germaine Moyen. Lobbes ?Dans les années 60, Alfred Bolle écrit dans ses notes sur Loverval : La chapelle provisoire du Try d’Haies, en bois, assez originale, utilisée depuis 1925 pour les messes dominicales. Elle provient de Lobbes et fut transférée à Loverval par les soins de M. Léon Capart, en accomplissement d’un vœu fait par lui au cours de sa captivité en Allemagne.(Il fut prisonnier politique lors de la guerre 14-18).Sous le vocable de la Sainte-Croix, elle est administrée par RRPP Dominicains dont le couvent est situé sur la route de Philippeville. C’est à cette époque que les statues ont été repeintes en blanc. Flandre occidentale ?En 1980, dans le livre « Loverval, terre des Bois et des Eaux » écrit par les habitants de Loverval, Marcel Collet a interrogé Guy Capart, fils de Léon. « Cette chapelle a été érigée vers 1923(…) Papa, homme pratique, se rappela qu’un sien cousin, architecte, avait été chargé de mission tout de suite après la fin de la guerre dès 1919, pour organiser dans le cadre du « Fonds Albert », le relogement rapide des sinistrés des régions dévastées par les combats. De très nombreux logements préfabriqués en bois furent construits…. Des chapelles avaient été prévues en attendant la construction des églises. Il s’informa et apprit que plusieurs églises étant presque achevées, certaines de ces chapelles allaient être démolies. Avec son cousin, il fit un rapide déplacement de prospection et acquit cette chapelle. A l’époque, le conseil de fabrique était peu favorable au projet mais, finalement, le terrain fut acheté, la chapelle en pièces détachées arriva, fut montée et ce fut l’inauguration. » A la chapelle acquise au « Fonds Albert » manquait la cloche. Celle-ci fut commandée, coulée, baptisée et mise en place. Elle porte sur ses flancs l’indication de sa date de baptême et les noms de ses parrain et marraine : Elisabeth Marbais et Noël Capart. Le bénitier provient de la chapelle de la propriété de mes grands-parents. Au fil des ans, notre chapelle eut besoin de quelques réparations et adaptations. Chaque fois, fut repris le projet initial de remplacer la chapelle en bois, provisoire par destination, par un édifice en dur. Il y eut plusieurs projets, certains très spectaculaires. Ils étaient utopiques et ne virent pas le jour. »
Quant au terrain…Le Docteur Alexandre dans sa plaquette consacrée au 250ème anniversaire de l’église Saint Hubert en 1992, écrit : Cette expansion de l’église de Saint Hubert (…)fut en fait un achat collectif de trois prêtres qui passèrent l’acte devant le notaire Maurice Ranwez le 23 mars 1925 ( ?). Le premier était l’abbé Jules Léopold Mollet, arrivé à Loverval en 1919, le second était l’abbé Emile Jean Adam, vicaire de Lodelinsart et le troisième Paulin Jules Fumière, vicaire à Silly-lez-Enghien. Le terrain avait été acheté le 27 mars 1923 par les trois prêtres à Célestin Pierre Joseph Grimard. Le dernier survivant ayant renoncé à ses droits de propriété le 7 mars 1966 en faveur de la fabrique d’église de Loverval.
Du côté du Conseil de Fabrique Dans les archives du Conseil de Fabrique, on trouve acte de la donation de la chapelle le 1er mars 1925. En 1955, alors que la démographie de Loverval croît de façon exponentielle, il est question d’agrandir les lieux de culte. La « chapelle annexe du Try d’Haies » est déclarée « vétuste et dès à présent notoirement insuffisante. » En 1970, une étude du terrain de la rue du Calvaire est réalisée en vue du remplacement de la chapelle en bois par un édifice en dur. Il ressort du rapport de l’architecte Stampe que le terrain ne présente pas les qualités idéales : terrain trop étroit, abords pas suffisamment dégagés, places de parcages insuffisants. Le projet de construire la nouvelle chapelle sur le terrain de l’ancienne est abandonné. Néanmoins, le Conseil décide, considérant que la chapelle du Try d’Haies « ne répond pas au besoin de la population et est un danger pour la sécurité des paroissiens »(sic), de construire une église sur un autre terrain au Try d’Haies (la Fabrique d’église possède un terrain à la rue de la Jonquière)et de vendre celui de la rue du Calvaire. Ces renseignements sont donnés « pour l’anecdote ». Ceci pour montrer qu’à maintes reprises la chapelle en bois fut menacée de disparition.
Touche pas à ma chapelle !La chapelle de 1923 a connu les avatars du temps. Un grand nombre de ses carreaux en quatre parties fut remplacé par de la vitre armée. Le clocheton, fragilisé par la chute d’un arbre ne put garder la cloche et la toiture à cet endroit n’était plus étanche. Le traitement de la façade au carbonyl fit disparaître la couleur d’origine, laquelle transparaît encore aujourd’hui. Le mystère de ses origines, son aspect inhabituel pour la région, voire son esthétique, ajoute à son crédit une affection réelle de la part des habitants. Chose rare, elle recueille autant de suffrages parmi la population qui ne pratique pas la religion que les paroissiens eux-mêmes. En 1999, une rumeur de destruction provoqua l’émoi des habitants qui se déplacèrent en grand nombre lors d’une assemblée de quartier à la salle communale. C’est un véritable jeu de pistes…qui s’est instauré entre les passionnés de l’histoire et de la mémoire lovervaloise à la recherche d’indices concernant les origines de la chapelle alors que se prépare le 80ème anniversaire de son arrivée à Loverval.
Descriptif et Patrimoine de la chapelle réalisé par le Cercle d’Histoire et d’Archéologie de Loverval Description extérieure :Porche-abri à gradins avec balustrade,
charpente triangulaire sur pilier. Ogive sur pilier surmonté d’une inscription :
« Notre-Dame de Lourdes priez pour nous ». Description intérieure : Charpente partiellement apparente, intérieur entièrement lambrissé, chœur à cinq pans.
Une sœur jumelle ?
A Salzinnes, sur la route de Saint Gérard, au lieu-dit le milieu du monde (Citadelle), se trouve une chapelle en bois, qui comme la nôtre, semble défier le temps. Mêmes formes de fenêtres, même couverture, même clocheton. Seul l’emplacement des entrées diffère.
Dans la perspective de trouver quelques éléments de réponses à nos questions, monsieur M.Legat, curé de Loverval, se renseigne. Dans un courrier de juin 2003, Monsieur Benoît de Patoul lui écrit : « Mon grand-père, le baron Fallon, a fait en 1911 un voyage au Canada où il a vu de nombreuses constructions de ce genre et il a fait construire une chapelle pour les gens, qui , proches voisins, trouvaient les églises trop éloignées. (…)Les plans sont d’origine irlandaise ou écossaise. Ils ont été quasiment recopiés et adaptés par un menuisier ardennais. »
A la recherche de la mémoire lovervaloiseMicheline Dufert-Francis Pourcel - Août 2003
©Micheline Dufert-2003 |