Cette promenade guidée par Paul Eloy a été proposée aux Lovervalois ce dimanche 27 juin 2004 dans le cadre des "Fêtes de la Rhubarbe" consacrées au Parc du Château.
Voici quelques photos-souvenirs
Le parc de Loverval est la propriété des Sœurs de Charité de Jésus et de Marie qui l’ont acquis en 1940, après le départ du dernier seigneur de Loverval, le Prince Louis de Merode, à la veille de la deuxième guerre mondiale. Il s’étend sur une superficie de vingt-sept hectares comprenant bois, prairies, verger , potager emmuraillé, château historique, des écoles modernes et un centre spirituel. Le domaine ne se visite pas. Seuls y ont accès les visiteurs du centre spirituel ainsi que les élèves et le personnel des écoles, dans certaines conditions, comme par exemple le respect de la nature et de la propreté.
Sentier de bois entièrement bordé de charmes. Deux km ou ½ heure. Départ après avoir traversé le ruisseau et entamé la montée de la Grande Charmille, dos à l’église. Obliquer à gauche dans un sentier légèrement ascendant parallèle au ruisseau du parc. Itinéraire quasi rectiligne à distance des prés et des vestiges de la tour ronde puis de la chapelle de Fourvières. Franchir en même temps la drève du parc et le ruisseau puis continuer l’ascension à distance du remblai de la grand-route. Brusque quart de tour à gauche à hauteur du rond-point et de l’ancienne école communale du Try d’Haies. Bouquet d’ifs. Continuer horizontalement à distance de l’ancienne rue de Trieux et des ensembles commerciaux. Le sentier se déporte légèrement à gauche puis frôle l’hémicycle d’une entrée grillagée ainsi qu’une maison forestière. Large sentier à la limite des vergers. On s’infléchit à gauche. Point de vue vers le village, la ferme du château et les toits du village de Loverval.
Dans la descente, point de vue de l’arbre aux singes, un bouquet de buis, châtaigner. Négliger les murs du potager en appuyant résolument à gauche devant le dôme verdurisé de la glacière à glace naturelle. Continuer la descente herbeuse en compagnie de la clôture non sans admirer un beau magnolia qui fleurit en saison ainsi qu’un bouquet de cyprès et d’ifs toujours verts. Arrivée au point de départ à quelques pas du château des princes.
A peu de distance de la cour d’honneur du château se cache, sous un dôme de verdure les vestiges d’une glacière à glace naturelle, datée au linteau de 1874. On y accède par un souterrain étroit qui débouche sur une cuve surmontée d’une voûte en briques. La glace provenait d’une pièce d’eau à présent disparue où se reflétait la silhouette du château. Grâce à cette ingénieuse glacière, les produits de la chasse pouvaient se conserver plus longtemps.
C’était une tour crénelée d’aspect médiéval avec un escalier en colimaçon, des archères et un blason armorié. Une tour à rêver, sous les étoiles ! Hélas, dans les années nonante, le vent a soufflé trop fort, un gros hêtre s’est déraciné et sa masse s’est abattue sur la vieille tour… Il n’en reste qu’un socle de quelques pierres vaguement consolidées pour éviter les accidents…
C’était comme un ermitage dans l’esprit ignacien. Sous une terrasse à laquelle on avait accès par un escalier rustique, une arcade en plein cintre renforcée par un énorme pilastre. Des pierres menaçaient de s’écrouler sur des enfants de passage par là. Il a fallu démolir le manrèse… Mais d’où provenaient-elles ces vieilles pierres ?
A la fois lieu de pèlerinage et basilique dominant le cœur de Lyon, Notre-Dame de Fourvières avait inspiré les bâtisseurs d’une chapelle rustique dans le parc du château de Loverval. L’édifice, construit au début du vingtième, a résisté aux deux guerres mais pas aux assauts des vandales qui l’ont mise à sac avant la fin du siècle… Cette jolie construction a été rasée. Il n’en reste plus, comme vestige, que le mur d’abside en plein cintre dans un site agrémenté d’un bouquet d’ifs toujours verts.
Enseignement secondaire mixte ou humanités. Elèves environ huit cents, personnel quatre-vingts. Construction des années soixante de deux bâtiments appelés « Mater Spei », mère d’espérance. Adjonction d’une salle de gymnastique. L’institution s’efforce de concilier les exigences des décrets et la rigueur des études avec l’épanouissement des jeunes en formation et l’indispensable dialogue.
Ecoles fondamentales et maternelles avec une implantation aux Fiestaux. Dans toutes ces institutions, parents et membres du pouvoir organisateur dialoguent au sein d’un conseil de participation.
Notre belle église en pierre du pays, fut construite en 1742. Elle était administrée à l’époque par des Pères Prémontrés ou Norbertins de l’abbaye de Beaurepart-en-l’Isle à Liège. A remarquer, à hauteur des cloches, des baies serliennes servant d’abat-sons. Une baie serlienne se compose de trois travées, la travée centrale étant surmontée d’un arc en plein cintre. La tour, haute de soixante mètres, est coiffée d’une flèche pyramidale en ardoises avec des lucarnes.
La façade principale d’allure néo-classique se compose de sept travées sur deux étages et demi. Elle est ornée de montants droits ou harpés et de bandes horizontales. Le perron donne accès à une porte-fenêtre surmontée d’un balcon à balustres. Un grand oculus et un entablement rectangulaire couronnent la travée centrale. Les deux ailes latérales symétriques, qui ont été rehaussées pour héberger des pensionnaires, encadrent une cour d’honneur carrée occupée par un parterre de fleurs circulaire.
Ces aménagements du château comtal datent d’une période faste. C’est au milieu du dix-neuvième siècle, par exemple, qu’eût lieu en grand apparat le mariage d’Antoinette de Merode avec le prince Charles II de Monaco…
Le bâtiment abrite une école normale moyenne ou haute école qui forme au métier d’enseignant.
La façade méridionale
La partie la plus ancienne du château est datée par ancres des années 177(0). Elle aurait été construite par Louise-Martine de Flaveau de la Raudière, baronne de Loverval et d’Ermeton-sur-Biert. C’était une résidence d’été et un relais de chasse en saison. Jadis, Loverval n’était qu’un petit village assez pauvre au milieu des bois. On agrandit le château au cours du dix-neuvième siècle. C’est de cette époque que datent les trois pignons à gradins en briques d’inspiration italo-flamande. Au début du vingtième siècle, on ajouta encore les deux tours carrées qui encadrent une belle verrière ogivale avec trèfle et fleuron. Remarquons aussi une tourelle en encorbellement avec toit en forme de poivrière.
Le Magnificat
Le Magnificat occupe principalement l’ancienne maison des régisseurs du domaine. Datée par ancre de 1839, cette demeure est occupée actuellement par la communauté lovervaloise des Sœurs de Charité de Jésus et de Marie. Le « Magnificat » est un centre spirituel qui accueille et héberge des personnes ou des groupes pour des retraites. « Magnificat anima mea Dominum : mon âme exalte le Seigneur » cantique de la Vierge Marie Entre la maison du jardinier et la maison du garde, une ruelle pavée à l’ancienne, avec la rigole au milieu, conduisait naguère à la Ferme du Château….
La Cour des Tilleuls
La cour des Tilleuls, anciennement cour Saint-Pierre, par son cloître, son silence et son charme monacal fait penser à un coin de paradis… Une inscription lapidaire, « cor unum », un seul cœur, et des étoiles rappellent les valeurs qui fondent la communauté des religieuses : la prière, l’enseignement, les missions… La congrégation a fêté le bicentenaire de sa fondation en 2003.
Une annexe du château d’allure normande avec balcons, mansardes, croupettes et arcs surbaissés abritait la carrosserie du château. En face, les murs les plus anciens construits en pierre du pays sont séparés des rehaussements récents par une frise dentée en briques.
La Grande Charmille
Appelée aussi « Berceau de Saint François » . A la fois tunnel de verdure et raccourci rectiligne pour les habitants du Try d’Haies se rendant à l’église du village. Chemin en pente schisteux renforcé par des rondins rustiques qui ont complètement disparu, la grande charmille n’est pas peuplée que de charmes. On peut aussi y voir une admirable cépée, un ensemble de quatre troncs jaillissant d’une seule souche.
La drève du parc
Elle relie le château à la route de Philippeville . Elle longe d’abord des pâtures et l’orée du bois en suivant la pente du ruisseau après quoi elle décrit une large boucle et s’élève sur le plateau du bois du Chêniat. C’est un chemin empierré majestueux bordé d’arbres magnifiques : hêtres, tilleuls, tulipier, cèdre du Liban…
Les maisons du parc
Tous les pavillons en pierre et le mur du parc sont l’œuvre du Comte Werner de Merode qui embellit la propriété au début du vingtième siècle et lui donna son caractère romantique. Ces pavillons sont au nombre de huit. Deux à la route de Philippeville, les Parapets, deux allée Saint-Hubert, un sur la place, deux à l’entrée de la cour des Tilleuls et enfin le huitième, près de la grille monumentale de l’ancienne rue des Trieux.
Les parapets
Les Parapets ont cent ans. Ce sont des pavillons en pierre symétriques qui encadrent la grille du parc avec toits à croupes, mansardes à bâtières, pinacles, volutes et linteaux en accolades.
Entrée majestueuse où se sonnait naguère le retour solennel de la chasse, en grand apparat… En architecture militaire, un parapet est un lieu fortifié d’où on peut observer sans être vu…
Le Chêniat
Ou bois planté par opposition aux « haies » ou bois sauvages. Quartier résidentiel aisé construit entre les deux guerres pour la bourgeoisie aisée carolorégienne fatiguée de la ville. Ici ont vécu l’humaniste wallon Elie Baussart et l’architecte de la période art-déco Marcel Depelsenaire… Un centre social de délassement a été aménagé autour du site des « Grands Lacs » dans la vallée du Fond des Haies…
La route de Philippeville
La route de Philippeville a deux cents ans. C’est un axe rectiligne, stratégique, commercial et touristique conçu par des ingénieurs français et ouvert au trafic sous l’impulsion des économistes hollandais en 1820. Elle a été modernisée et c’est devenu la N5 presque une autoroute au trafic intense et meurtrier. Plusieurs lignes d’autobus desservent l’arrêt Loverval Notre-Dame où des quais ont été aménagés.
Le Try d’Haies
Try, trieux, terres peu fertiles livrées aux pauvres manants à l’écart de la réserve seigneuriale. C’était du temps de la féodalité. Les « haies » ou « bois sauvages » abondaient sur les collines proches des rives de la Sambre. Elles attiraient le gibier et … les chasseurs. Aujourd’hui, le Try d’Haies est un quartier dynamique. Il est situé à l’ouest de la route de Philippeville.
L’ancienne rue des Trieux
Appelée maintenant « allée des Sports » suite à l’implantation d’un centre sportif dans la ferme du château. Ce beau chemin aux courbes majestueuses contourne le parc depuis la suppression du chemin de l’église (grande charmille) reliant en ligne droite le haut et le bas du village.
C’est ici, sur l’éperon rocheux, que se dressaient au moyen âge un fier castrum défendu par la famille liégeoise de la Marck ainsi qu’une église fortifiée dédiée à Saint Bavon. Ruiné par les progrès de l’artillerie, ce premier château fut finalement remplacé par une ferme bâtie par l’architecte Louis Pauwels. Depuis 1978 les bâtiments restaurés et agrandis abritent les activités de l’association pour la diffusion de l’éducation physique et des sports ou adeps.
Un petit affluent du ruisseau de Saint-Hubert. Descendu du Try d’Haies, il serpente sous la futaie. Avant de confluer, il versait autrefois dans un vaste étang, à la fois bassin d’orage utile le cas échéant mais aussi miroir d’eau avec des cygnes se dandinant nonchalamment en admirant le beau château. Ce plan d’eau est remplacé par une cour de récréation.
De « fastigium altum » un lieu élevé qui domine la vallée de la Sambre. Un monastère et une citadelle dominaient la colline au moyen âge. Cette colline fut éventrée à l’époque industrielle pour permettre l’exploitation d’une carrière de calcaire en même temps que se construisaient des digues pour retenir les eaux saumâtres des bassins de décantation de soude. La nature reprend lentement possession de cette friche industrielle naguère très active.
Construits au départ pour les besoin du personnel de la société Solvay, les logements furent progressivement acquis par leurs occupants.
A la croisée, échappée sur les toits étagés des bâtiments scolaires de l’Institut Notre-Dame construit dans les années 60 par l’architecte gantois Ray Roryck… La vue s’étend jusqu’aux cités-jardins de Couillet et jusqu’aux mottes de carrière du bois des Rocs qui couronne la colline…
Echappée vers la vallée de Loverval au delà de laquelle se laissent apercevoir les lointaines cités-jardins de Couillet et l’église du Sacré-Cœur des Fiestaux
Entre la glacière et la maison de l’ancienne rue des Trieux, échappée sur le vieux Loverval, les toits du château, la rue des Fiestaux qui s’incurve et le bois des Cloches
Cèdre du Liban. Cèdre atlantique glauque. Ifs. Cyprès. Buis. Houx. Hêtres. Hêtres pourpres. Chênes. Chêne des marais. Marronniers d’Inde. Erables. Tilleuls. Tulipier de Virginie. Frênes. Frêne à feuilles simples. Châtaignier. Pin Douglas. Pin de Weymouth. Epicéa (sapin de Noël). Cryptomeria du Japon. Sureau. Fusain d’Europe. Symphorine. Magnolia…
Une curiosité naturelle appelée tout simplement la butte du parc. Affleurement schisteux carbonifère surmonté d’un chêne et d’un tilleul et ceinturé d’une couronne de charmes.
C’est au pied de ce rocher qu’aurait pris naissance la vie associative avant la formation des communes. C’est là dit-on que se réunissait chaque année la communauté des manants en présence du maïeur. Pourquoi « Colisée » ? Peut-être une appellation teintée d’un certain romantisme…
L’amicale des anciens para-commandos occupe la buanderie désaffectée du château, un bâtiment rustique installé sur le ruisseau qui arrose la localité.
Avec sa source limpide, la place du village, actuellement place Maurice Brasseur du nom d’un ancien bourgmestre, fut le cadre romantique du testament spirituel de Dom Bruno Destrée dédié à son frère, l’homme politique marcinellois et érudit humaniste, Jules Destrée.
On peut encore y voir, de gauche à droite, le presbytère, la franche taverne, le monument, la maison de l’instituteur, l’amigo, la maison communale de Loverval avant les fusions de 1977, des façades commerciales datant du temps des guinguettes, un pavillon et une aile du château historique. Une rénovation récente du site a dégagé l’espace public en le rendant plus agréable.
2004
Texte : Paul ELOY
Photos : Bernard Dombrecht www.lepetitlovervalois.be.tf/
Cartes postales : Sœurs de Charité et INDL
Cartographie : IGN et M. Coppens, forestier
Magnificat : 071/ 472282