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Photo extraite du site Li Ranteule Texte d'Eddy Piron Quand le webmaster m'a demandé d'écrire
mes impressions sur Emile Lempereur, le jeune dramaturge de 40 ans que je suis a
éprouvé une certaine fierté. Presque centenaire, Emile "Le Wallon
inoxydable" n'arrête pas. Actuellement, il termine un ouvrage de 500 pages sur
Châtelineau. Châtelineau, il l'aime cette commune. Moi, aussi, je l'avoue. En
tant qu'homme de radio et de théâtre, je travaille sur une pièce évoquant la vie
de Radio Châtelineau qu' Emile a bien connue. « Après tant de brassages d’individus et de nationalités dans un creuset de si petites dimensions, est-il né un type bien défini de à Charleroi ? s’y est-il maintenu ? Oui. Nous irons à sa rencontre dans tel café populaire ou petit-bourgeois de la Ville-Basse, de la Ville-Haute ou du Faubourg, au stade du Sporting ou sur le ballodrome de la place du Sud, au marché du dimanche matin, à la Ville-Haute, ou au marché matinal, sur la place de la Digue. Et dans les palais ? Aussi. Qu’il s’agisse d’exposition industrielle, commerciale ou artistique, il est là, visible et audible. Mais il faut le repérer. Cela devient de plus en plus difficile, car il s’enfonce davantage dans une masse étrangère.
Mais il est là, ignorant l’orgueil de race, accueillant et bon, sociable avec entrain, aimant et la vie et sa ville dans ce qu’elles ont de concret et de savoureux. Il est là, critique sans mépris, sentimental sans fierté, jouisseur sans excès, mais pas toujours économe. Il est là un tantinet rêveur, communicatif mais réservé dans l’expression de ses sentiments intimes, goguenard, farceur, fanfaron, frondeur, prétentieux sans ostentation ou méchanceté, coquet, gaulois sans vulgarité, et d’un bon sens un peu rude. Il est là, conteur d’histoires mais non romancier, loquace mais détestant l’emphase, secrètement tendre avec des pointes d’ironie. S’il a la solidarité généreuse, il est jaloux de ce qu’il possède, plus dans la crainte de perdre son bien que dans la joie d’amasser. Esprit observateur et inventif, vif et nerveux, travailleur intelligent et énergique, il se montre trop mobile, jusqu’à l’instabilité, pour créer de grandes choses ; d’ailleurs, le génie lui étant inconnu, il est fait pour une production continue et diverse, amoureusement perfectionnée ; il est plus sensible à la technique qu’à la beauté pure, au style et à l’objet qu’à la force et l’abstraction. Il est là, religieux mais voltairien, mélange de traditionnalisme et d’esprit réformateur, positif, se méfiant du lyrisme. Son champ de bataille préféré, c’est l’usine, la fosse, le bureau, le comptoir, et si sa patrie, c’est essentiellement sa famille, ses compagnons et ses libertés, il a montré en 1830, en 14-18 et en 40-45 qu’il savait aussi lutter et mourir pour d’autres idées. Certes, il est encore attaché à sa ville mais son chauvinisme local n’a plus une expression aussi catégorique et peu nuancée qu’autrefois. Et puis, il se sent perdu devant tous les changements qu’on lui impose, au niveau des rues et des hommes. En politique, il se montre perméable aux souffles d’émancipation non par besoin de changement mais par soif de justice et de fraternité ; ses deux amours, la Wallonie et la France ; mais sans passion et dans un large esprit de tolérance. Le Carolo résistera-t-il encore longtemps aux assauts de la vie moderne, de sa région, de l’étranger ? Va-t-il se battre ou subir ? Assimiler ou se fondre ? Et à quoi s’accrocherait-il ? »
Charleroi à cœur ouvert Duculot 1977.
Quelques liens pour en savoir plus sur Emile Lempereur:
Et encore...
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